L'économie symbiotique - Isabelle Delannoy

Il est rare qu'il soit possible de présenter un ouvrage uniquement par un extrait. Mais ce texte est si magistral qu'il se suffit à lui même.

 

Nous avons une vision très négative de l'homme vis à vis du vivant: l'idée que nous devons choisir entre notre développement et celui de la nature est profondément ancrée. Il s'agit donc au mieux de faire "le moins de mal possible".

L'économie symbiotique apporte une vision positive de l'espèce humaine et de son rôle dans la biosphère.

 

La phrase est devenue célèbre dans les milieux écologistes: ""Une croissance infinie est impossible dans un monde fini." Elle n'a, je pense, pas lieu d'être.

Ces paroles témoignent d'une vision du vivant comme un stock inerte. Or depuis 3,5 millliards d'année que la photosynthèse est apparue sur la Terre, le vivant n'a cessé de nous prouver le contraire. Il a transformé une planète arride et nue en une Terre grouillante d'activités croissantes, produisant de manière continue de la matière utile en abondance, la stockant même dans ses roches et dans ses sols. Car le système Terre n'est fini ni en termes d'apport d'énergie, le Soleil, ni en terme d'intelligence. Seule la matière est en stock fini sur la matière. L'intelligence émergeant du système vivant ne cesse au contraire de croître à mesure qu'il se développe et se complexifie. Il s'agit de voir le vivant comme un complexe dynamique et l'espèce humaine comme une de ses composantes intrinsèques, qui l'enrichit de ses capacités propres d'observation, de conceptualisation, et d'organisation. Ces paroles appartiennent à ceux qui restent dans la vision d'une économie extractive, qu'elle soit décroissante, verte, ou durable.

 

L'étendue des désastres nous a fait voir la puissance d'organisation humaine sous un angle essentiellement destructeur. Mais elle peut aussi être créatrice de diversité, accélératrice de vie. Elle peut faire émerger en quelques mois des écosystèmes qui sans elle auraient mis des années voire des siècles à se former. en comprenant les interactions à l'origine de l'efficacité de ces architectures vivantes, elle les rend plus productrives, qu'elle ne le seraient dans leur état naturel: L'humain maille, rassemble. Il joue un rôle de catalyseur. Les catalyseurs ont le pouvoir de rapprocher des éléments qui sans eux auraient mis un temps infini à se rencontrer. Ils sont à la base des réactions chimiques au sein de la cellule qui produisent la vie, sa croissance et son infinie diversité. Ils accélèrent ainsi les réactions d'un facteur 10, 100, 1000, voire davantage. L'humain prend un autre rôle dans le vivant. Il n'observe plus la nature "pour mieux la soumettre", pour en devenir "maître et possesseur", comme l'exprimaient Francis Bacon et René Descartes, pères du rationnalisme occidental moderne, mais pour en comprendre et en respecter les équilibres afin de favoriser son développement et sa croissance.(...)

 

En croyant que nous ne pouvons assurer nos besoins qu'en exploitant la matière, nous avons tourné notre intelligence et notre puissance technique vers l'extraction. Nous pensons quantité, masse, forces. En comprenant que nous pouvons devenir symbiotes de notre planète, notre génie se déplace. Nous pensons informations, liens, synergies.

 

Jamais notre imaginaire n'a été nourri de la possibilité que ce qui est beau puisse être efficace, que ce qui est doux puisse être puissant.

 

Ce texte nous a aidé à conceptualiser pourquoi nous ressentions que dans le monde d'après, concevoir des sites internet continuait à faire sens de la manière dont nous l'envisagions:

 

Informations, liens, synergies, dans beauté et la douceur, en concevant les relations avec nos clients de manière éthique, sous forme d'écosystème fertile.

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